[Exposition] Dans les Arbres, la Vie
Le titre et le sujet que je propose ici sont librement inspirés du livre de Sylvain Prudhomme, La vie dans les arbres, suivi de Sur les bidonvilles, les cabanes et la construction sauvage (Le Tigre, 2011), aujourd'hui épuisé. N'ayant pu me procurer et donc lire l'ouvrage, je n'ai souhaité faire l'illustration des reportages de Sylvain ni imaginer un monde fantasmé où se seraient entremêlés le végétal et l'habitat humain idéalisés, les arbres peuplés surgis de la boue des bidonvilles (comme projeté dans un premier temps), inextricables enchevêtrements de troncs, branches et matériaux pauvres, figures humaines ou cauchemardesques
La réalité a été (une fois encore dans mon travail) la plus forte ! Elle a donné la direction, le fil conducteur à l'exposition, conçue alors comme un cheminement, un parcours de la fange, de la misère que sont la terre, les sols jonchés d'immondices, de déchets des bidonvilles (ces villes fantômes et pourtant bien réelles, présentes sur tous les continents, dans toutes les grandes métropoles de la planète, peuplées d'humains honnis du reste de l'Humanité) à la perspective d'une élévation par les arbres vers un habitat, une condition meilleurs.
Les arbres, piliers, porteurs de la cabane. Cette cabane sera comme un refuge, une solution aux maux que nos existences, nos modes de vies (fondés sur l'épuisement des ressources naturelles, du gâchis et de la destruction) engendrent. La cabane, l'abri humble des résistants, des consciences et de la nouvelle dignité, qui remplace alors la baraque du bidonville, celle de la précarité, de la pauvreté, de l'oppression... Cette cabane s'érigera au sein des branches, portée, enrobée par les bras puissants de l'arbre qui lui-même croît vers la lumière...
Mais là me rattrape la dure réalité, peut-être seulement (le souhaité-je) l'expression de mon pessimisme : les cabanes, celles vantées sur le web, ne sont-elles pas phénomène de mode, les résidences accessibles aux seuls privilégiés en quête d'onéreux séjours insolites ? La suite de mon travail (la réponse à cette question), je l'ai trouvée dans la lecture de l'opuscule de Sylvain Prudhomme (qu'il m'a offert lorsque je finalisais la réalisation de l'exposition). Suite heureuse, pleine de générosité, qui nourrit l'espoir... et que je vous invite à lire ! Bon, le mieux, c'est que vous partiez de vous-même à la recherche, la découverte de « la vie dans les arbres »...
Biographie
Frédéric Jammes est né en 1965. Historien de formation, il quitte l'enseignement courant 80 pour se consacrer aux arts visuels. Il en fait son métier à partir de 1994.
Après une excursion dans le monde graphique de la BD, il explore le champ de la peinture avec une période de déconstruction de l'image (les années 90), puis revient dès 2000 à la représentation en découvrant la puissance narrative du réalisme.
Proposant des fragments d'images de corps à l'intention charnelle et sensuelle, il chante le désir, l'appétence pour la vie, exalte les couleurs jusqu'à associer l'abstraction géométrique (n'usant seulement de la forme ronde) à l'image réaliste.
Soucieux de la vie, celle des humains mais aussi de tous les êtres vivants, animaux et végétaux, il est préoccupé par la profusion des images générées par notre monde contemporain et s'insurge contre la banalisation médiatique de la violence. Il lance en 2013 la série de peintures intitulée « Images Noires », sombre, violente, ostensiblement désespérée mais définitivement optimiste par un traitement monochrome des images qu'il voit (en accès libre, y compris pour les enfants) sur le web. Maltraitance des êtres vivants, guerre, meurtre, répression, pornographie.... « Je parle de nous », dit-il à propos de cette série.
Parallèlement, il redécouvre le dessin (qu'il enseigne aux enfants) et entame les séries « Arbres », « Dryades, Faunes et Esprits », pendants positifs des Images Noires et dédiés à la puissante vitalité de ceux qu'il considère comme des êtres doués d'une sagesse remarquable...
Mais l'actualité des hommes le rattrape. Choqué par le drame des migrants, il évoque leur souffrance avec les séries « Cri » (2015) et « Réfugiés » (2016).
En 2018, Frédéric Jammes délaisse l'image réaliste pour que ses crayons, bille encre couleur et aquarelle, puissent glisser sur le papier en s'appropriant et détournant les œuvres Picasso et Schiele. Naissent ainsi les séries « Picasseau » et « Egon » où l'humour parfois absurde et provocateur flirte avec l'éros.
Toujours engagé, le travail de l'artiste est mû par le désir...
Autour de l'exposition :
Soirée Lecture à Quatre Voix
> mar 25 juin à 19:00
( Entrée Libre | Tout Public )
Projection au cinéma Le Concorde
Bidonville : architectures de la ville future de Jean-Nicolas Orhon
> jeu 4 juillet à 20:30
Charlie et La Gâterie : l’Atelier Créatif des 5-9 ans
Visite/médiation de l’exposition + pratique artistique
> sam 22 et 29 juin de 10:00 à 12:00
> mar 9 et mer 10 juillet de 14:00 à 16:00
> sam 20 juillet de 10:00 à 12:00
(Cotisation 4€ par enfant | réservation souhaitée)