[Installation] Les concepts sont des monstres
Mettant en relation les éléments de la Nature et créations de l’homme, Nikolas Fouré s'attarde à disséquer autant qu'à synthétiser les codes conventionnels de la représentation.
La répétition, les renversements conceptuels et les matériaux du quotidien sont ses outils pourquestionner les relations qui peuvent exister entre la biologie et l'architecture, l'affect et les algorithmes, la physiologie et la géométrie…
D’une manière générale, les formes et les gestes que je fais exister questionnent l’individu et le monde dans lequel nous vivons, comment il agit sur nous et comment nous agissons sur lui. Quelles sont les inter-relations dans cet espace commun ? Comment le monde nous construit autant que nous le construisons ?
Je m’intéresse aux inter-relations, aux inter-actions qui unissent l’individu et son environnement.
Convoquant les éléments de la Nature et nos artefacts, je m'attarde à disséquer autant qu'à synthétiser nos modes de représentation du Monde.
La répétition est une récurrence dans ma pratique, elle engage la dialectique simplicité/complexité.La répétition et la multitude sont omniprésente dans la nature -que ce soit la molécule ou le cristal, l'astronomie ou la botanique– et à l'origine même de tout système technologique dont les outils numériques aujourd'hui ; tout est unicité et répétition.
Le titre de l'exposition « Les concepts sont des monstres » est emprunté à G. Deleuze et F. Guattari dans « Qu'est ce que la philosophie »; il engage un rapport détaché à l'intellect. Non pas qu'il l'évince mais il met une distance avec la notion conceptuelle d'un savoir acquis ou non. Pour Deleuze et Guattari – et ce que j'en perçois - le concept n'est pas une fonction mais une proposition, une évidence qui fait monde. Il ne s'agit pas de la conséquence d'un déroulement logique (à contrario d'un concept scientifique) mais d'une « chose » qui s'impose au sein de la pensée : une fulgurance, une présence.
L'exposition « Les concepts sont des monstres » regroupe essentiellement un ensemble de sculptures réunies pour l'occasion.
Dans le premier espace « 100x2D », « Geometric Foam » et « Annélides Pong » sont mis en relation : une conversation formelle reposant sur une similitude dans les modes d'assemblages d'objets prosaïques. Jouant de l'espace qui les accueille et s'en dissociant par leur mode de monstration (chaque sculpture est posée sur un « plancher/socle » - contre-plaqué peint en blanc - d'une forme géométrique particulière), cette proposition convoque la fonction initiale du lieu (ancienne boutique), appuyant ainsi la présence et la fonction de la vitrine – display.Un espace « monstratif », solaire, un vivarium.
Après les quelques marches, l'espace situé en contre-bas est la partie ombragée, le pendant de la boutique : l'atelier.
En ce lieu de l'introspection, du travail, la sculpture « Dessiner » - jouant avec le mobilier et les outils du dessin comme vocabulaire sculptural - induit l'acte et le geste.
Produite pour l'occasion de l'exposition, cette sculpture à propos du dessin, établie unrenversement, une opération dialectique qui semble marquer un équilibre.
Le monstre, comme le paysage, n'existe que par le regard qui lui est accordé.
Dialogique de façon générale, l'exposition « Les concepts sont des monstres » oppose et assemble les deux profiles – regardé et regardant- d'une même face.
La sculpture et son langage plastique non pas seulement comme une idée rationnelle, étalée et didactique mais comme elle l'à toujours été, une présence qui nous rit au nez.